Retracer l’histoire de sa famille grâce à un projet étudiant en Sciences humaines
Plonger dans la généalogie de votre famille tout en faisant d’intéressants parallèles avec l’histoire du Québec, c’est ce qu’ont une fois de plus réalisé les finissants et finissantes Sciences humaines, profil Développement humain et société, dans le cadre de leur cours Naissance du Québec actuel.
« L’idée est de leur faire vivre l’histoire du Québec à travers une quête, soit celle de leurs ancêtres. Les étudiants et étudiantes ont d’abord été initiés à la généalogie et aux archives. Ils ont ensuite eu à travailler l’aspect de l’histoire orale puisqu’une partie du travail consiste à enquêter sur des événements de l’histoire récente du Québec par le biais d’une entrevue. Par la suite, ils ont pu monter à leur façon leur portrait de famille. Par exemple, soulignons déjà le remarquable travail d’Ève Laprise qui a présenté son projet sous forme de site Web! En tant qu’enseignante, je trouve important de souligner que cette nouvelle cohorte de finissants a dû composer avec de nombreux enjeux tout au long de leurs études en lien avec la COVID-19. Ainsi, leur mérite n’en est que plus grand! Je suis très fière des résultats de leurs travaux, ce sont des jeunes inspirants! », mentionne Linda Frève, enseignante.
« Au final, les étudiants et étudiantes perçoivent mieux le fait que leurs histoires personnelles sont forgées à partir de multiples influences (familiales, régionales, nationales, internationales), qu’ils sont le produit d’un contexte historique et que celui-ci est en perpétuel changement. Les résultats sont souvent remarquables. Des histoires familiales mises au service de la « grande Histoire »! » conclut Mme Frève.
Extrait provenant du travail de Mia-Rose P. Marois
Un hommage posthume à mon grand-père
Hommage à mon grand-père, Pierre Plamondon, qui nous a quittés le 11 novembre dernier à l’âge de 72 ans. Un homme de caractère et d’une grande force qui est décédé lors d’une journée représentative de l’homme qu’il était : le jour du Souvenir. Une journée en mémoire de ceux qui se sont battus et qui sont tombés au combat. Une journée qui me rappelle celui qui jour après jour me vient en tête et me rappelle qui je suis et d’où je viens réellement. Une journée qui me rappelle ton décès, mais bien plus encore. Elle me rappelle l’homme merveilleux que tu étais (…). Tu es et tu resteras le meilleur grand-papa que je surnommais « pépé » qui a su me définir comme la femme forte et respectueuse que je suis aujourd’hui, comme tu me l’as si bien appris.
Extrait provenant du travail de Charles-Anthony Daigle
Un hommage aux femmes de sa famille
Je voudrais faire un hommage mes grand-mères Thérèse Godin et Hermiline Godin qui ont su être des femmes fortes et indépendantes d’esprit et de caractère bien qu’elles vécurent dans une société qui fît tout pour les en empêcher. Elles ont rencontré bien des embûches tout au long de leur vie, mais elles ont obstinément refusé de se laisser définir par celles-ci. Elles ont su par leur force guider notre famille à travers les moments difficiles. De plus, elles ont préparé à merveille mes tantes et ma mère à affronter une société qui était injuste avec les femmes sans jamais leur apprendre à être désolées d’être une femme. Elles sont de vraies encyclopédies de courage et d’histoire puisqu’une a suivi son mari pendant les plus grands moments de la Guerre froide en Allemagne et l’autre a vu le développement de la recherche de la sclérose latérale amyotrophique au Québec dont son mari souffrait. Condamnées à rester dans l’ombre de leur mari en public, elles ont cependant brillé pour chacun des membres de notre famille.
Extrait provenant du travail d’Ève Laprise
L’expérience de son arrière-arrière-grand-père Onésime par rapport à l’alunissage de juillet 1969
Pour Onésime, c'était impossible que ça puisse se produire. Ayant été élevé dans la religion catholique et étant croyant, cet espace qui est le ciel était réservé aux âmes des personnes décédées, les Saints, les anges et Dieu. Il avait appris que si on faisait une bonne vie sur la terre, on irait au ciel sinon on allait en enfer, et ceux qui mouraient sans avoir été baptisés allaient dans les limbes pour l'éternité.
Onésime a connu au cours de sa vie, l'évolution des moyens de transport. Il est passé des voitures à chevaux à la voiture à moteur, à l'avion et aux fusées. Malgré le fait qu’il avait déjà pris l'avion, ce dernier moyen de transport, la fusée, était probablement de trop pour lui. Cette avancée technologique le dépassait. Lors de cet événement qui pour plusieurs était révolutionnaire, Onésime lui est allé chercher sa caméra pour filmer l'événement qu'il voyait à la télévision. Pour lui, ce qu’ils voyaient à la télévision était truqué…
Extrait provenant du travail de Marie Lachance
Sa rencontre, enfant, avec Léo Major
Ce héros québécois de moins en moins méconnu!
Je tiens à faire un hommage à un homme d’exception qui a fait de grandes choses durant sa vie et dont les exploits ont participé au patrimoine du Québec, Léo Major. J’ai eu la chance de le côtoyer à quelques occasions durant ma jeunesse avant sa mort en 2008 (quand j’avais 12 ans). À l’époque, je ne le voyais évidemment pas comme un héros de guerre, mais plutôt comme un pirate (il a perdu un œil durant la guerre) attachant qui me donnait toujours beaucoup trop de rouleaux aux fruits. En effet, Léo Major a eu un parcours de vie assez unique et a réalisé bien des exploits pendant la guerre, notamment la libération de la ville de Zwolle pendant la Deuxième Guerre mondiale. Après la mort de son meilleur ami, Léo a libéré une ville de 50 000 habitants des Allemands en leur faisant croire qu’ils étaient envahis par les troupes alliées, alors qu’il s’agissait de l’assaut d’un seul homme en colère. En vieillissant, les récits sur la vie de cet homme que ma famille me racontait ont influencé ma façon de voir la vie. Léo avait beaucoup de courage et ne s’est jamais laissé abattre par les malheurs que la vie lui amenait. Il avait une détermination à toute épreuve et fonçait toujours la tête haute. Il était positif et même après toute l’horreur qu’il a pu voir durant la guerre, il continuait d’être positif.
Extrait provenant du travail de Louis-Michel Doiron
L’enrôlement d’un membre de sa famille lors de la Seconde Guerre mondiale
Adrien Godin, l’un des frères de ma grand-mère, est né à Chandler, autour de 1920. Il avait tout juste l’âge de s’enrôler en tant que volontaire lorsque la Deuxième Guerre mondiale a éclaté en 1939. Qu’est-ce qui l’a appelé à partir risquer sa vie si jeune? L’attrait de l’aventure? Peut-être qu’il trouvait son univers trop petit et qu’il brûlait de parcourir le monde et de prendre part aux grands événements qui l’ébranlaient alors, par-delà l’horizon de la Baie-des-Chaleurs. Il avait le grade de caporal et travaillait dans la logistique de l’armée, ce qui lui a sans doute épargné le péril d’être directement au front.
Extrait provenant du travail de François Picard
Une potentielle rencontre posthume avec René Lévesque
Le personnage historique que j’aurais aimé rencontrer le plus est René Lévesque car je considère que c’est un politicien très honorable, qui est non seulement resté fidèle à ses convictions, mais a prouvé qu’il est possible de changer la société pour le meilleur lorsqu’on croît réellement en sa cause et qu’on y met les efforts nécessaires. Je considère que ses convictions et l’habileté qu’il avait pour les communiquer et convaincre les gens de son bien-fondé devraient servir d’exemple à qui que ce soit qui occupe une place au gouvernement.
Ce que je voudrais lui demander, c’est ce qu'il pense de l’état actuel de la politique, où les apparences et les mots vides servent plus à apaiser le public qu’à l’aider, où la rhétorique est utilisée plutôt pour sécuriser des votes que pour convaincre de la justesse de son point de vue. Est-ce que ce serait les discours vides de sens ou de convictions des politiciens modernes ou plutôt le désintérêt général du public à s’engager qui le décevrait le plus?
Extrait provenant du travail de Marilou Goyer
Une anecdote liée à son arrière-grand-père Maurice
En plus de son emploi comme fonctionnaire chez Air Canada, Maurice était très impliqué dans la politique. (…) Il a fondé l'association Parents-Maîtres, qui est impliquée dans la rédaction du Rapport Parent. Il a présidé la campagne de financement de la transformation et l'agrandissement du Séminaire de Sainte-Thérèse, qui est devenu le Cégep Lionel Groulx. Il s'est battu pour la mixité des écoles classiques afin de permettre aux jeunes femmes de poursuivre leurs études. Il est décédé le 9 juin 1995 à l'âge de 84 ans. Sa femme ira le rejoindre en 2016, à l'âge de 101 ans. Ce n'est qu'à son enterrement que ses enfants apprendront que leur père faisait partie d'une société secrète marquante de l'histoire du Québec, l’Ordre de Jacques-Cartier.
Extrait du travail d’Andréanne Deschenes
Le contexte dans lequel ses grands-parents ont évolué et fondé une famille
Mes grands-parents ont grandi dans une société qui possédait encore des valeurs traditionnelles comme la famille et la religion. Ces valeurs étaient aussi consolidées par les politiques conservatrices de Duplessis qui fut Premier ministre du Québec de 1944 à 1959 (Lacoursière, 2002, p. 165). Victoire est l’ainée de 12 enfants, ce qui montre bien les valeurs traditionalistes de l’époque. Pendant leur enfance, mes grands-parents n’avaient pas accès à la télévision, Internet n’existait pas et la technologie des téléphones était existante sans être très développée. Mes grands-parents étaient donc repliés sur leur petit monde.
Extrait du travail de Lory-Ann Amyot
La désertion de son arrière-grand-père pendant la Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, mon arrière-grand-père s’est caché durant quelques semaines dans le cooler de la famille, c’est-à-dire le sous-sol sous la maison où l’on entreposait de la nourriture, un peu comme les congélateurs. Il s’est aussi caché dans la grange familiale avec son chien, un Colley. Il jappait lorsque les policiers arrivaient, leur laissant ainsi le temps de le cacher. Malheureusement, il s’est finalement fait attraper et a été envoyé dans la prison militaire de Valcartier où les déserteurs étaient internés et devaient y effectuer des travaux forcés. Mon arrière-grand-père a appris par après que le groupe dans lequel il était supposé être envoyé, a participé au Grand Débarquement de Normandie. Malgré la honte qu’il ressentait à ce sujet, il disait, quand même, ne pas regretter sa décision de déserter.
Extrait du travail de Clarisse Lévesque-Lemieux
Durant son mandat, il a protégé pendant un certain temps les piliers électriques de l’Île d’Orléans. Il y avait eu des menaces comme quoi certains membres du FLQ voulaient les faire exploser. Si un tel événement était arrivé, plusieurs Québécois auraient été coupés d’électricité. C’est pourquoi lui et ses coéquipiers ont veillé jour et nuit sur ceux-ci. Jean-Claude a aussi surveillé les maisons de plusieurs personnalités politiques, notamment celle de Charles Elliott Trudeau, le frère du premier ministre du Canada de l’époque, Pierre Elliott Trudeau. Sa maison se trouvait à Montréal et les militaires qui la surveillaient dormaient dans son garage. Il était important que M. Trudeau soit convenablement protégé, c’est pourquoi Jean-Claude le suivait à tous ses rendez-vous. Par exemple chez le coiffeur, il devait garder un œil sur Charles Elliott Trudeau, mais aussi sur sa voiture.
Catherine Dallaire
Conseillère en communication
Direction des communications et du développement institutionnel