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Les suggestions de Martine - Vie de ma voisine de Geneviève Brisac

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Martine Dumais Les suggestions de lecture

Les bibliothèques vous présentent une série de lectures de la communauté du cégep. Martine Dumais est enseignante en histoire. 

Rester vivant malgré tout

Couverture livre Vie de ma voisine

Geneviève Brisac, Vie de ma voisine, Grasset, 2017. 176 p.

La Deuxième Guerre mondiale et la Shoah ont suscité nombre d’ouvrages parmi lesquels on retrouve évidemment les témoignages de rescapés, des biographies et des récits. Ce livre, qui est un heureux mélange de ces trois genres, nous présente la trajectoire de Jenny, une vieille dame qui est la voisine de l’auteur, mais aussi et surtout l’aventure de la traversée du XXe siècle.

Jenny, née en 1925 de parents juifs polonais émigrés en France, a connu plusieurs des grandes étapes de l’histoire et elle nous les présente : le Front populaire des années 1930, la politique de l’URSS et la trahison ressentie par les communistes français avec le pacte germano-soviétique, les mesures anti-juives en France (port de l’Étoile jaune), les rafles comme celle du Vel d’Hiv, les camps, le temps des décisions difficiles, les séparations…

« Mes parents se regardent, ils n'échangent pas un mot, ils décident ensemble que nous allons sortir. (…) Les autres parents préfèrent garder leurs enfants avec eux, ils pensent qu'ainsi ils pourront les protéger ». « Les autres enfants sont restés. Et tous sont morts. On peut lire leurs noms sur les plaques des écoles ».  (p. 95-96)

On voit les impacts de ces événements pour une famille dans son quotidien. Et puis il y a le temps de la survie, du retour des camps où sont disparus ses parents, du retour à la vie, mais aussi du deuil impossible, de la lutte contre le désespoir. Et surtout la vie continue. Jenny, une femme de gauche, devenue enseignante, flirte avec le communisme. Elle nous parle avec émotion de son métier qu’elle aimait profondément.

« … qui impliquent une vie dans la classe fondée sur le sens, sur la liberté, sur la confiance concrète dans l'intelligence des enfants. « (p. 146)

Ce texte simple à deux voix, avec un double je, est bouleversant dans sa simplicité et sa pudeur. « Ce devoir de mémoire » est celui de Jenny à qui ses parents ont dit « Vivez, espérez » en quittant, mais aussi de G. Brissac qui veut rendre hommage à sa voisine qui lui a ouvert les yeux sur la noblesse du courage, le respect des humains et la résilience de Jenny. Le texte évoque aussi Charlotte Delbo et je terminerai avec un extrait cité d’un de ses poèmes qui exprime bien l’héritage du livre : « Apprenez à marcher, et à rire, parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie. »


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