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Comment allez-vous? Ce qu’ils nous disent…

Sciences humaines

Jeune homme découragé qui se tient la tête

Derrière nos écrans, face aux nouveaux défis de l’enseignement en ligne et confronté à des noms et/ou des initiales selon la plateforme retenue, notre job de professeur s’est vu propulsé en dehors du très rassurant et sécurisant rapport réel avec nos jeunes! Privés, pour la très forte majorité du temps, de la lecture nécessaire du non verbal, des expressions dubitatives, interrogatives voire même, lassées, nous avons dû apprendre à lire de nouvelles données pour mesurer l’état de nos groupes.  Pour sortir des hypothèses et nous rapprocher d’une lecture plus juste des états de nos jeunes, nous avons fait un sondage destiné à tous les étudiants de notre programme de Sciences humaines. 

Dans la soif d’être entendus, au terme des 15 premières minutes d’ouverture du sondage, nous avions déjà 220 réponses! Et à la clôture du temps permis pour y répondre, c’est un total de 578 réponses! C’est dire qu’en une semaine et demie environ, plus de 60 % de nos étudiants du programme ont pris le temps de répondre pour exprimer leurs états, leurs besoins en somme, se faire entendre.  

Nous savons que nous aurons une session d’hiver à l’image de celle que nous vivons et je fais le postulat que nos jeunes ressemblent drôlement aux autres jeunes des autres cégeps, et ce, peu importe le programme. C’est dans l’objectif de partager au plus grand nombre possible certains résultats que je me permets ici, très humblement, de vous présenter des points saillants du sondage afin de mieux nous préparer encore, professeurs, directions, parents, à la session d’hiver 2021.

Bien sûr, la première question qui nous tenaille est de savoir comment se passe leur session? Sont-ils motivés? Ont-ils l’impression qu’ils vont échouer leurs cours? Alors de manière générale, 9 % de nos jeunes disent aller très bien et 9 % disent ne pas aller bien du tout. La très forte majorité se situe entre les deux, dans un état moyen ou de « bof », mais avec une proportion plus grande vers le bas, soit 48 % affirment connaître des hauts et des bas. C’est dire que la situation est fragile.

Elle l’est également au niveau de la motivation puisque 24 % ont affirmé n’être pas du tout motivé et 45 %, parfois motivé! Plusieurs sondages et témoignages expriment d’ailleurs l’enjeu crucial de la motivation scolaire dans le contexte bien particulier de l’enseignement à distance en situation de crise sanitaire.  D’ailleurs, 64 % de nos jeunes ont affirmé trouver la session actuelle très difficile et difficile.  Néanmoins, 78 % ont l’impression qu’ils vont réussir tous leurs cours (46 %) ou en échouer peut-être un (32 %). À cet égard, je note dans mes cours une proportion plus grande que normalement d’abandons tardifs et dont, plusieurs m’ont exprimé que le stress, le retard accumulé et autres raisons personnelles avaient eu raison de la session, du moins pour mon cours! 

En vrac, ils nous disent avoir besoin de cours en ligne en temps réel comme une impression de normalité, mais ajustée! Faire mieux, mais moins ou autrement.  Ne pas dépasser un certain temps de présentation magistrale, ne pas se vexer du manque de participation ou d’interactions, bien qu’ils en aient besoin!  Ils ont besoin de sentir que les profs sont présents, répondent rapidement aux courriels, aux questions posées hors ligne, car en ligne, c’est parfois intimidant. 

Cependant, ce qui ressort le plus fortement du sondage, c’est un besoin criant de clarté, de prévisibilité qui passent, notamment, par une certaine uniformisation des pratiques tant dans le choix des plateformes utilisées que dans les modes d’évaluation. Ils veulent trouver toutes les informations nécessaires aux cours à un même endroit. Imaginez un instant, l’étudiant a 7 cours et chacun des profs a fait ses choix : Moodle, Zoom, Omnivox, Teams, Brio, etc.  Et un même prof, selon les besoins, peut utiliser plusieurs plateformes.  C’est la multiplication qui engendre la confusion et augmente le stress. Bien sûr, là réside un défi immense, car nous aussi, les profs avons dû nous ajuster et avons dû apprivoiser certains outils avec lesquels nous nous sentons plus compétents. Il s’agit sans doute alors de discuter, de partager entre profs et étudiants pour trouver un équilibre. 

Et nos jeunes, nous ont aussi exprimé avec gentillesse et générosité qu’ils comprenaient nos défis, que nous étions tous dans le même bateau a affronter les vagues et plusieurs nous remerciaient des efforts de notre présence assidue et soutenue. À cela je vous le redis, parmi les réponses ouvertes, nombreux ont affirmé que ce qui les aidait le plus dans cette session pour le moins singulière était la présence des profs! 

Pour mener à terme cette traversée tumultueuse en prenant soin de nos étudiants, il faut aussi et fondamentalement prendre soin de ceux qui les guident, qui leur apprennent, leur montrent, leur enseignent. Les profs ont aussi des besoins comme tous les membres de nos institutions d’enseignement. L’idée de la force du travail d’équipe pour réussir et gagner est une réalité palpable dans cette année 2020 qui s’achève enfin. Heureusement se pointe l’espoir, mais dans l’intervalle des percées médicales, la session m’a permis d’apprendre à apprécier et aimer l’imperfection.  

Isabelle Morin

Enseignante

Sciences sociales, Sociologie

Coordonnatrice du programme de Sciences humaines, coordonnatrice du département de Sciences sociales, responsable de l'accompagnement programme (RAP)