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Retracer l’histoire de sa famille, un projet des plus passionnants pour des finissants de Sciences humaines

Photos d'époque et livre sur table de bois

Plonger dans la généalogie de votre famille tout en faisant d’intéressants parallèles avec l’histoire du Québec vous intéresse-t-il? C’est ce qu’ont réalisé les finissants de Sciences humaines, profil Développement humain et société, dans le cadre de leur cours Naissance du Québec actuel.

« L’idée est de leur faire vivre l’histoire du Québec à travers une quête, soit celle de leurs ancêtres. Les étudiants ont d’abord été initiés à la généalogie et aux archives. Ils ont ensuite eu à travailler l’aspect de l’histoire orale puisqu’une partie du travail consiste à enquêter sur des événements de l’histoire récente du Québec par le biais d’une entrevue. Par la suite, ils ont pu monter à leur façon leur portrait de famille. Au final, les étudiants perçoivent mieux le fait que leurs histoires personnelles sont forgées à partir de multiples influences (familiales, régionales, nationales, internationales), qu’ils sont le produit d’un contexte historique et que celui-ci est en perpétuel changement. Les résultats sont souvent spectaculaires. Des histoires familiales mises au service de la grande histoire! » précise Linda Frève, enseignante.

Voici quelques extraits de travaux réalisés par des finissantes :

Extrait provenant du travail de Gabrielle Côté

Finissante en Sciences humaines

Mes arrière-grands-pères, eux, avaient effectué très peu d’études. À la fin des années 1800 et au début des années 1900, les métiers qui étaient pratiqués étaient souvent des métiers agricoles et de production. André Côté avait fait peu d’études, car il voulait être beurrier et n’avait donc pas besoin d’avoir beaucoup d’instruction. André a vécu durant les deux Guerres mondiales de 1914 à 1918 et de 1939 à 1945 et a donc participé à la production de guerre durant ces périodes charnières de l’histoire. Il n’a jamais subi les contrecoups de la conscription et a toujours pu exercer son métier, tout comme Joseph-Théophile Bernard. Comme la majorité des gens de cette époque, ils se sont mariés plusieurs fois après le décès de leur première femme et ont eu beaucoup d’enfants. À une époque où la religion était prédominante, il était normal et respectable d’avoir une grande famille composée de nombreux enfants. Les hautes études de type collégial et universitaire étaient alors non envisageables. Le métier que les hommes occupaient était bien souvent celui d’agriculteur. C’est ce que mes deux arrière-grands-pères faisaient. Ainsi, en observant ma situation actuelle et en la comparant avec celle de mes ancêtres, on constate beaucoup d’éléments de changement et peu d’éléments de continuité. Pour moi, les études sont accessibles et il est préférable de les poursuivre le plus longtemps possible pour pratiquer le métier de mon choix, alors qu’à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, les longues études étaient rarement effectuées et les choix de métiers étaient restreints.

Extrait provenant du travail de Marie-Claude Boily

Finissante en Sciences humaines

Jean-Robert Gosselin est né à l’île d’Orléans en 1922 sur la terre de son ancêtre. Sa famille détient une terre agricole. Ses trois sœurs et lui aident leurs parents à s’occuper des animaux et des récoltes. Lorsque l’Allemagne envahit la Pologne, le 1er septembre 1939, Jean-Robert a 17 ans. (…) Devant la pénurie de troupes en 1944, à la suite du débarquement de Normandie, King adopte la conscription. Jean-Robert est appelé à se présenter aux tests médicaux qui ont lieu dans son village. Ils sont une lignée de jeunes garçons nus sous leur manteau, attendant leur tour dans le cabinet du docteur. L’un d’eux sortit une bouteille de whisky et en offrit aux autres. Ces derniers attendirent du regard la permission du soldat chargé de la supervision qui finit par s’exclamer : « À la guerre, tout est permis ». Ce fut au tour de Jean-Robert de se faire scruter par le médecin. À peine se fit-il examiner les yeux que le docteur affirma qu’il était invalide à aller à la guerre, puis il le fit sortir. En effet, jeune enfant, la rougeole avait affecté la vue de son œil gauche. C’est ainsi que Jean-Robert fut exempté de la conscription de la Deuxième Guerre mondiale. En tant que seul garçon sur la terre familiale, sa présence était fondamentale. Soixante-quinze ans plus tard, il raconte, entre autres, cette histoire à ses petits-enfants en riant.

Extrait provenant du travail de Rose Malchelosse-Fournier

Finissante en Sciences humaines

Un hommage à ma grand-mère Lise Filion qui est une femme merveilleusement forte. Durant toute sa vie, elle a fait preuve d’un immense courage en affrontant une société inégale et parfois même hostile envers les femmes. Je l’admire énormément d’avoir poursuivi ses rêves, dont ses études et ce même dans un contexte où les femmes étaient, la majorité du temps, sous éduquée. En fait, ma grand-mère a fait un baccalauréat en nutrition tout en étant une des seules femmes de l’université. Dans ce parcours elle a vécu beaucoup de discrimination étant obligée de performer plus que tous les autres juste pour prouver qu’elle méritait sa place dans le programme. Néanmoins, en plus de continuellement prouver et justifier sa valeur, elle vivait une grande pression, notamment de sa famille, pour se marier et commencer une vie «respectable», donc d’avoir des enfants et de fonder sa famille en étant une mère au foyer. C’est ainsi que juste après l’obtention de son diplôme universitaire, elle a dû se marier. Quelques années plus tard, elle avait six enfants, mais, pour elle, ce n’était pas assez pour s’accomplir pleinement, alors elle a décidé d’affronter son mari et tout son entourage et de retourner aux études pour faire sa maîtrise. Heureusement, cette partie de son parcours fut un peu plus facile, car avec la Révolution tranquille les portes de l’éducation supérieure se sont ouvertes aux femmes. Toutefois, elle a fait, encore une fois, preuve d’un immense courage en retournant aux études avec des enfants. Dès son retour, elle avait des enfants de jeune âge et elle a dû se rendre à ses cours en amenant ses deux plus jeunes avec elle. Cela a été très difficile, car souvent les professeurs n’étaient pas très ouverts et avaient un esprit plutôt conservateur. Heureusement, tous ses efforts ont énormément payé parce qu’elle a réussi à se forger une très belle carrière. En effet, elle est devenue enseignante au niveau collégial et au niveau universitaire. Ainsi, de par son parcours hors du commun cette femme extraordinaire mérite plus de reconnaissance qu’elle n’en reçoit quotidiennement. Pour moi, elle est un exemple de femme forte et elle m’a fait comprendre la chance que j’ai d’aller à l’école sans avoir besoin de me battre et sans subir les conséquences de la marginalisation qui venait avec.

Catherine Dallaire

Conseillère en communication

Direction des communications et du développement institutionnel