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Retracer l’histoire de sa famille grâce à un projet étudiant en Sciences humaines

Photos d'époque et livre sur table de bois

Plonger dans la généalogie de votre famille tout en faisant d’intéressants parallèles avec l’histoire du Québec vous intéresse-t-il? C’est ce qu’ont une fois de plus réalisé les finissants et les finissantes en Sciences humaines, profil Développement humain et sociétédans le cadre de leur cours Naissance du Québec actuel. Un travail remarquable, encore plus dans le contexte d’enseignement à distance auquel ils ont dû faire face pendant la réalisation de ce projet!

« L’idée était de leur faire vivre l’histoire du Québec à travers une quête, soit celle de leurs ancêtres. Les étudiants et les étudiantes ont d’abord été initiés à la généalogie et aux archives. Ils ont ensuite eu à travailler l’aspect de l’histoire orale puisqu’une partie du travail consistait à enquêter sur des événements de l’histoire récente du Québec par le biais d’une entrevue. Par la suite, ils ont pu monter à leur façon leur portrait de famille. Par exemple, soulignons déjà le remarquable travail de Frédérike Létourneau et de Marianne Prémont, qui ont chacune présenté leur projet sous forme de site Web!

Au final, les étudiants et les étudiantes perçoivent mieux le fait que leurs histoires personnelles sont forgées à partir de multiples influences (familiales, régionales, nationales, internationales), qu’ils sont le produit d’un contexte historique et que celui-ci est en perpétuel changement. Les résultats sont souvent remarquables. Des histoires familiales mises au service de la grande histoire!  Même si encore une fois cette année, le contexte de la pandémie ne leur facilitait pas la tâche, ils ont relevé ce défi haut la main et je leur lève mon chapeau!», précise Linda Frève, enseignante.

Quelques extraits de travaux réalisés par des finissants et des finissantes

Extrait provenant du travail de Jacob Dionne

Le récit de la rencontre de ses grands-parents maternels

Jacob Dionne

Diplômé en Sciences humaines

À l’âge de 22 ans (mon grand-père) décide de partir à l’aventure avec son ami Oswald. Ils prennent un bateau et viennent s’établir au Canada. En 1956 c’était plutôt une époque tranquille au Québec, les tensions n’étaient pas encore à leur point culminant, il fut donc plus facile pour mon grand-père de s’établir ici en paix. Peu de temps après, Otto se trouve un emploi comme maître d’hôtel à la maison du Lieutenant-gouverneur au parc du Bois-de-Coulonge. C’est à ce moment qu’il rencontre ma grand-mère Normande qui travaillait au même endroit comme femme de ménage. […] Un fait intéressant par rapport à mes ancêtres du côté d’Otto, en retournant sur les traces de sa famille et de ses ancêtres on retrouve des membres de la royauté austro-hongroise.

Extrait provenant du travail de de Cyrille Saint-Laurent

Mémoire d’outre-tombe dont la pertinence se révèle aujourd’hui avec les récentes excuses du gouvernement canadien envers la communauté italo-canadienne concernant leur internement pendant la Deuxième Guerre mondiale. 

Cyrille St-Laurent

Diplômé en Sciences humaines

Le début de la Seconde Guerre mondiale est un tournant important dans la vie de Guido. Premièrement, parce qu'il est trop vieux pour combattre et donc, il reste à Québec, là où il est plus que bien, étant donné qu'il vient tout juste de se partir en affaire. De plus, il est d'origine italienne. Être d'origine italienne pouvait être minimalement honteux pour lui lors de la montée du gouvernement d'Adrien Arcand, qui ne plaisait pas du tout à son entourage, mais le fait que l'Italie de Benito Mussolini s'associe à l'Allemagne nazie d'Adolf Hitler, vient mettre de l'huile sur le feu. […] Les Québécois associent directement et naïvement les Italo-Canadiens aux nazis d'Adolf Hitler suite à l'alliance entre les deux pays européens. Beaucoup d'Italo-canadiens à travers le Canada seront persécutés et même internés tout simplement parce qu'ils sont italiens. […] Nouvellement lancé en affaire à Québec, Guido a évité le pire, car au Québec, c'est surtout à Montréal que les Italiens vivaient la misère. Guido raconte tout de même qu'il a eu bien de misère à trouver de la clientèle québécoise à l'époque, avant que le Duce d'Italie se fasse exécuter le 28 avril 1945 par des partisans de Victor-Emmanuel III. […] La plupart des contrats pour lesquels Guido était engagé étaient dans des églises (…). Ce qu'expliquait Guido à ma grand-mère c'est que les églises catholiques comme il y en a plusieurs à Québec sont construites avec les moyens disponibles lors de leur construction, mais la décoration était bien souvent d'origine européenne et même italienne ou bien s'en inspirait. Travailler avec un Italien leur semblait alors tout à fait raisonnable vu les contacts et les connaissances qu'il avait.

Extrait provenant du travail de Philippe Tremblay-Brosseau

Les mémoires vivantes de sa grand-mère à propos d’octobre 70

Philippe Tremblay-Brosseau

Diplômé en Sciences humaines

J’avais environ 30 ans quand Pierre Laporte s'est fait enlever le 10 octobre 1970. L’ambiance était terrible, je vivais plus au nord de Québec et je n’imaginais pas la situation au cœur du conflit qui devait être mille fois pire. Les églises étaient vides, les gens ne sortaient que pour l’essentiel et les femmes ne pouvaient pas sortir seules, elles devaient toujours être accompagnées d’au moins un homme. Les gens mettaient littéralement des planches de bois sur leurs fenêtres pour barricader leur maison. Même ma voisine avait un revolver dans son sac à main! L’armée qu’avait envoyée Trudeau avait légèrement rassuré les gens, mais ça restait quand même intimidant de voir les gens se promener avec des armes. Le jour où on a appris que Pierre Laporte était décédé, le Québec au complet était découragé. La mort de Laporte était vue comme un signe que nous avions perdu les élections. C’est environ 3 mois plus tard qu’on voyait la vie reprendre peu à peu. Mais avant ça, où j’habitais, c’était devenu une ville fantôme, plus personne ne sortait de chez eux. Le plus triste dans tout ça c’est que, selon moi, Pierre Laporte est mort pour rien, car rien ne s’est réellement passé après son décès.

Extrait provenant du travail de Mélodie Linteau-Giasson

Le récit touchant de deux éléments de son patrimoine familial

Mélodie Linteau-Giasson

Diplômée en Sciences humaines

Je ne sais pas si on peut considérer cela comme un patrimoine familial, mais dans notre famille du côté de mon père nous avons l'habitude depuis des générations de faire la bénédiction du jour de l'an ! Cette tâche importante pour nous revient à l'aîné de la famille. J'ai toujours admiré ce moment. Du côté de ma mère, nous avons une tradition qui se déroule lors de l'automne. Lorsque c'est le temps des pommes, nous allons cueillir dans un verger des gros sacs de pommes et pendant une fin de semaine complète à chaque année, nous faisons des préparations de tartes, de beurre de pommes, de compote de pommes et par la suite, nous allons en distribuer à la maison Mère-Mallet. Pour moi, c'est un honneur chaque année d'aider ma famille à faire cette préparation sucrée et d'aller en offrir aux plus démunis.

Extrait provenant du travail de Noémie Blondeau

L’étudiante cite Jacques Lacoursière, historien majeur de l’histoire du Québec, qui nous a quittés cette année.

Noémie Blondeau

Diplômée en Sciences humaines

Deux ans après le début de la guerre, ma sœur aînée, Ida, tomba gravement malade. Je devais absolument mettre tous mes efforts pour qu’elle reste en vie. Malheureusement, avec le peu d’argent et de ressources que nous avions, nous n’avons pas été en mesure de la sauver de ce mal inconnu. Le 9 avril 1918, à l’âge de 26 ans ma grande sœur Ida nous quitta pour un monde meilleur, ma famille fut anéantie. À partir de ce jour-là, je savais que je devais partir et défendre mon pays pour le bien de ma famille. Je ne pouvais pas rester à la maison à m’ensevelir sous l’énorme tristesse qui rongeait mon âme. Le 24 juin 1918, je me suis présenté à Valcartier pour m’enrôler dans l’armée et remplir les documents officiels. J’avais enfin le courage de faire ce qu’il fallait. Je suis donc devenu officier au Royal 22e Régiment. Mon numéro de régiment est le 3286381. Je quittais mon pays et ma famille avec la boule au ventre. Un stress énorme, une peine immense, et de l’intrigue remplissaient mon cœur. J’ai eu une pensée pour ma chère sœur et ma famille. Chaque soldat recevait 1,10 $ par jour, ça me consolait de savoir qu’avec cet argent j’allais pouvoir aider grandement ma famille.

Extrait provenant du travail de Gabrielle Turgeon

La correspondance entre un soldat et sa femme

L’étudiante cite Jacques Lacoursière, historien majeur de l’histoire du Québec, qui nous a quittés cette année.

Gabrielle Turgeon

Diplômée en Sciences humaines

6 juin 1943 - Régiment de la Chaudière, Armée Canadienne
Chère Alice, Étrangement, me voilà soulagé de mettre les pieds sur la terre européenne. Non pas puisque la peur de la guerre est absente en moi, bien au contraire, mais puisque je n’aurais pu croire que les dires sur la haute mer se seraient avérés plus que vrais. Les vagues qui frappent la coque jour et nuit et les balancements constants du navire m’ont fait découvrir des sensations qui m’étaient jusque-là inconnues. L’équipage appelle ça le mal de mer. Durant les premiers jours, je n’ai fait que vider mon corps à force de… Bon, je t’épargne les détails je crois que tu as saisi. J’ai maigri à vue d’œil, mais durant les derniers jours j’ai pris mon aise et j’ai repris quelques forces avant mon arrivée. C’est surtout grâce à Poitras, un jeune homme de mon âge qui m’a prêté main-forte avec quelques astuces de marin. Lui, il était déjà amoureux de la mer étant fils de pêcheur. Son père lui a tout appris et je me trouve captivé à écouter Poitras raconter ses aventures à la limite du Saint-Laurent, où il allait tout jeune pêcher le saumon. Dans la solitude de la guerre, je me vois réjoui d’avoir rencontré un ami avec qui discuter. Durant les derniers jours de voyage, je l’ai initié à la lecture et à l’écriture. Évidemment, ce n’est guère sans misère, mais il en est captivé et j'ai le plaisir de partager mon amour pour les mots. Je lui ai même montré une photo de toi. Il te trouve très charmante. Je lui ai dit que tu l’es encore plus en vrai. J’ai déjà hâte de te revoir. […]

Extrait provenant du travail de Karim Abdul

La réflexion d’un jeune issu de la diversité sur l’accessibilité aux études supérieures

Karim Abdul

Diplômé en Sciences humaines

Tous les membres de ma famille énumérés ci-haut n’ont pas eu la chance d’aller à l’école en raison de la guerre qui a ravagé mon pays d’origine. En venant vivre au Canada, ils m’ont donné la chance d’étudier pour eux.

Félicitations à tous les finissants et les finissantes pour les remarquables travaux remis dans le cadre du cours Naissance du Québec actuel!

Catherine Dallaire

Conseillère en communication

Direction des communications et du développement institutionnel