Un projet étudiant qui retrace les histoires familiales
Plonger dans la généalogie de leur famille tout en faisant d’intéressants parallèles avec l’histoire du Québec, c’est ce qu’ont réalisé les finissants et finissantes en Sciences humaines, profil Relations humaines et sociétés, dans le cadre de leur dernier cours d’histoire du Québec avant leur diplomation.
L’idée est de leur faire vivre l’histoire du Québec à travers leur propre histoire familiale. À partir de leur généalogie, des archives familiales et de l’histoire orale, ils et elles parviennent à créer un portrait de famille personnalisé (document Word, PowerPoint, site Internet, scrapbooking, etc.).
Ainsi, les étudiants et étudiantes perçoivent mieux le fait que leurs histoires personnelles sont forgées à partir de multiples influences (familiales, régionales, nationales, internationales) qu’ils et elles sont le produit d’un contexte historique. Les résultats sont souvent remarquables et plusieurs font des découvertes étonnantes. Des histoires familiales mises au service de la « grande Histoire » !
« Une fois de plus cette année, j’ai pu constater l’énorme respect qu’ont les jeunes d’aujourd’hui pour leurs ancêtres, proches ou lointains, et tout ce qu’ils ont accompli. À la lecture de leurs portraits, on perçoit rapidement toute l’admiration portée à cet « autre temps » qui n’est pas le leur… Le soin qu’ils et elles prennent à réaliser ce travail en est une preuve éloquente. À vous de le constater avec ces extraits du « grand cru 2024 » ! », mentionne fièrement Linda Frève, enseignante de ce cours.
Extrait provenant du travail de Juliette Marsan
Fière d’avoir hérité du nom de son arrière-grand-mère et qui lui rend hommage.
Cette femme de 100 ans, née en 1924, a passé au travers de difficiles épreuves. Toujours en vie aujourd’hui, je me suis rapprochée d’elle avec l’aide de ce travail. J’ai voyagé dans le temps avec elle, en lui posant des questions sur sa jeunesse ainsi que sur sa vie, me permettant de mieux la comprendre. Je t’aime Juliette.
Extrait provenant du travail de Chloé Lépine
L’histoire incroyable de son arrière-grand-père Paul lors de la Deuxième Guerre mondiale
Une fois notable où la chance de mon arrière-grand-père lui a sauvé la vie, c’est quand son avion s’est brisé et a échoué en mer. Il est resté coincé en mer durant 3 jours, flottant avec seulement son gilet de sauvetage avant de recevoir de l’aide et d’être sorti de cette situation bien choquante. Pour un évènement où plusieurs seraient décédés, lui, non. Il a été secouru et a ensuite dû être dessalé dans un bain. Une situation absolument improbable où Paul a su garder son sang-froid et se garder en sécurité jusqu’à l’arrivée des secours. Les gens l’ayant sortie de sa bien mauvaise situation étaient également abasourdis par l’histoire invraisemblable de Paul. Paul ne savait pas vraiment écrire, il n’avait donc pas pu envoyer de lettres à sa famille pour les informer de ce qui se passait dans son quotidien dans l’armée, sa famille ne savait donc même pas qu’il avait pris part dans l’aviation plutôt qu’une autre division. Ses histoires à son retour furent donc une très grande surprise pour tout le monde. Sa force de caractère lui a permis de ne pas céder à des peurs comme celle d’une déshydratation accentuée par le sel de l’eau ou la possibilité de souffrir de gros coup de soleil étant donné son exposition prolongée.
Extrait provenant du travail de Mia Larose
Le récit d’une corvée familiale qui porte bien son nom…
Depuis toujours, à l’automne c’est le temps de s’occuper de nos réserves de bois pour l’hiver. Bien que ce soit une activité qui m’a toujours déplu, dû au travail acharné et répétitif qui lui est associé, j’ai secrètement toujours trouvé un certain réconfort dans cette tâche saisonnière.
C’était long, mais c’était méditatif, on devait trouver une façon de s’occuper dans nos têtes et de s’encourager. La partie plus amusante c’était le feu ! Il y avait toujours un feu continuel qui brûlait les retailles de bois qu’on ne pouvait récupérer pour nos cordes. Cette tâche saisonnière peut vous sembler ennuyeuse, mais le sentiment de fierté lorsque la montagne de bois était enfin transformée en un beau mur droit, était imbattable.
*La tape dans la main de mon père, en guise de remerciement, me faisait toujours chaud au cœur aussi !
Extrait provenant du travail de Marianne Richard
La mémoire de son grand-père sur le fameux but d’Alain Côté
« Je me souviens de la réaction de Michel Bergeron, il était bouillant, un peu plus et il se crachait le dentier ! » dit Grand-papa en premier, le sourire aux lèvres. « On était partisans des Nordiques nous autres. On est allés se coucher en pleurant toute la gang. Me semble que c’était en 1987, on était sur le sofa à la maison sur la rue Turgeon. Ta mère avec son chandail de Marian Stastny, ta tante avec celui de Peter Stastny, Sam (ma grand-mère) pis moi, on prenait pour les Nordiques nous autres. Avant on prenait pour les Canadiens ici, mais on a switché pour les Nordiques quand ils sont arrivés. Les Canadiens, c’était rendu l’équipe des riches, ils avaient des moyens, mais pas les Nordiques. Ils étaient comme nous autres : pas d’argent, rien. Rien qu’un bon coup de patin. On aimait ça les regarder, c’était du bon hockey. (…) « C’est un bon but qu’ils ont refusé. Il restait quelques minutes à la troisième (période) pis le ref l’a annulé. On a tellement sacré. Ils nous ont enlevé la victoire pour un mauvais call, ils avaient juste à siffler avant. Ça reste encore sujet à discussion, si tu demandes aux fans de Montréal il n’était pas bon, mais pour nous autres il était bon. »
Extrait provenant du travail de Sandrine Raharivololona
Hommage à Rose de Lima qui vit à Madagascar
À toi, ma belle mamie, ma Rose de Lima. Tu as toujours fait passer ta famille bien avant ton bien-être. Tu es l’amour inconditionnel en personne. Je te serai pour toujours reconnaissante pour tout le soin, l’amour, les petits plats que tu as cuisinés pour moi quand maman était absente. Tu es bien plus qu’une grand-mère, car tu as accompli pour la quinzième fois ton rôle de mère avec moi. Du haut de tes 85 ans et malgré la douleur de ton corps courbé, tu travailles encore pour pouvoir aider tes enfants dans le besoin. (…) Si tu doutes de la personne que je suis devenue, dis-toi que je prends soin de mes plantes exactement de la même façon que tu m’as ordonnée de le faire. Comme ça, tu ne pourras pas dire que je ne t’écoute pas. Je leur parle de temps en temps pour leur tenir compagnie et je leur parle de toi surtout. J’utilise les méthodes naturelles que tu m’as apprises : miel et oignon rouge pour les toux, pelure de banane marinée en guise de vitamine pour les plantes, bicarbonate de soude dans le lavage pour enlever les odeurs ainsi que pour les dents, une à deux fois par semaine, pour les blanchir (utiliser du charbon s’il n’y a pas de bicarbonate), etc. Ce qui te préoccupe le plus, c’est de me poser tes questions habituelles : « Comment tu vas ? Et vas-tu toujours à la messe chaque dimanche ? ». Je vais bien mamie, et tu me manques. Terriblement. Je t’aime fort et je compte les jours pour pouvoir te serrer dans mes bras.
Extrait provenant du travail de Laurence Pineau
Hommage à sa mamie
J’aimerais rendre hommage à ma mamie, Rolande Boudreau. Je souhaite lui rendre hommage parce que je considère que c’est une femme qui a toujours été féministe. En effet, lorsqu’elle a terminé son secondaire, elle a décidé de se rendre à Montréal pour poursuivre ses études, alors que sa famille s’attendait à ce qu’elle reste à la maison pour aider sa mère avec ses plus jeunes frères et sœurs. Venant d’un milieu de campagne gaspésien, il est remarquable qu’elle ait pris la décision de déménager pour poursuivre ses études, elle m’a souvent dit qu’il était important pour elle d’étudier et d’avoir une formation professionnelle puisqu’elle ne voulait pas dépendre de quelqu’un d’autre, elle voulait être indépendante.
Extrait provenant du travail d’Alycia Ouellet
Le récit de sa grand-mère sur l’attentat du 4 septembre 2012 contre Pauline Marois et la question d’Alycia à cette dernière
En faisant ce projet, j’ai appris beaucoup de choses sur ma famille, mais aussi sur plusieurs évènements historiques dont j’ignorais les détails. En posant des questions à ma grand-mère Claudette sur l’attentat de Pauline Marois, j’ai eu accès à la perception de quelqu’un, d’une femme surtout, qui a assisté à ce moment en direct même si ce n’est qu’à la télévision. C’est en discutant avec elle de ce sujet que j’ai découvert un intérêt plus fort concernant cet évènement, mais surtout cette femme, Pauline Marois. Je tiens donc à m’adresser à elle pour ma question puisque, même si elle n’est pas décédée et considérée comme un personnage historique, c’est une femme qui a marqué l’histoire du Québec et qui a joué un rôle très important politiquement parlant. Ma question est donc : Pauline Marois, en tant que première femme élue comme première ministre, pensez-vous que l’événement de l’attentat en 2012 vous a inconsciemment poussée encore plus à vous démarquer et à prouver à quel point vous méritiez votre place autant qu’un homme à ce poste ?
Extrait provenant du travail de Mushkuss Grégoire
Hommage aux femmes de sa famille et à leur résilience
Les interactions que j’ai eues grâce au travail m’ont permis de comprendre des choses sur ma famille. J’ai, malgré moi, appris des histoires que je ne voulais pas connaitre. Mais je crois qu’il fallait que je les entende. Elles m’ont appris beaucoup au niveau personnel. Ces histoires m’aideront à grandir et elles l’ont déjà fait sans que je m’en rende compte. Ces femmes pleines de courage ont supporté beaucoup de souffrance. C’est leur résilience qui m’inspire. Leur capacité à être ce qu’elles sont aujourd’hui, des battantes. C’est fou à quel point je ne connaissais pas leur histoire. C’est dans une conversation sur mon arbre généalogique que mes sœurs m’ont parlé du passé de mes parents. Je n’ose pas écrire toutes les mésaventures que ma famille a subies. Leurs histoires me font penser : comment ils font pour être ce qu’ils sont aujourd’hui ? C’est-à-dire, joyeuse, heureuse, compréhensive, sage et pas du tout amer. J’ai l’impression que le contraire serait compréhensible après ce qu’ils ont vécu. J’ai grandi grâce à ces femmes. Mes tantes, mes sœurs, mes cousines et ma mère m’ont toutes élevé, d’une certaine manière ce sont mes mamans. Elles parlent souvent du chemin rouge (chemin de guérison). Elles en parlent comme d’une solution miracle, trop humble pour dire que cette force, cette résilience et ce courage viennent d’elles. J’aimerais rendre hommage à ces femmes. À toutes mes mamans, je vous aime. Merci d’être vous.
Extrait provenant du travail de Florence Gauthier
Son Québec de rêve
Un Québec qui jongle avec ses couleurs, avec sa langue, avec son passé et son futur, avec ses accords comme ses désaccords, avec ses danses et ses chansons pour en former un magnifique tableau !
Extrait provenant du travail de Zia Turbide
Hommage à sa mère
Depuis qu’elle est jeune, elle s’implique dans les causes sociales qui lui tiennent à cœur, que ce soit la protection de la langue française, les droits des femmes, la répartition des richesses ou l’environnement. Elle participe à la vie citoyenne en allant manifester et en devenant directrice du conseil de quartier. Aujourd’hui, elle dirige un organisme communautaire qui chaque jour vient en aide et améliore les conditions de vie de plusieurs aînés de la ville de Québec. Elle fait une différence positive dans le monde. Surtout, je la remercie de m’avoir transmis une bonne partie de ses connaissances sur l’histoire du Québec et sur notre patrimoine collectif, pour que je puisse à mon tour transmettre ces connaissances qui sont selon moi essentielles. Elle m’a aussi transmis ses valeurs d’équité et ses opinions politiques. Enfin, c’est à elle que je dois mon amour pour la culture, spécialement la musique québécoise, puisqu’elle m’a toujours encouragée à m’intéresser à ce qui vient d’ici.
Extrait provenant du travail d’Olivier Audard
Un hymne à l’éducation pour le Québec de demain
Je veux que la majorité des Québécois obtiennent de l’éducation jusqu’au niveau collégial. C’est parce que la plupart du temps, on trouve ce que l’on veut faire dans la vie lorsqu’on acquiert de l’expérience. Ce qui veut dire que les jeunes âgés de 17 ans n’en ont pas beaucoup à ce stade. Je crois donc que c’est pour le bien de la société que la majorité puisse se comprendre eux-mêmes afin d’occuper un travail, de se connaître et d’avoir un meilleur sens critique. Avec les IA qui arrivent, il est impératif d’avoir un bon sens critique pour ne pas se laisser empêtrer par le tas d’information qui circule.
Félicitations à tous et à toutes pour ces projets des plus intéressants !
Catherine Dallaire
Conseillère en communication
Direction des communications et du développement institutionnel